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L'excellence des maths françaises


L'école française de mathématiques fait des étincelles. Mais les progrès de la discipline, qui impactent fortement les technologies, ont souvent une réussite industrielle...à l'Etranger.

Jean Tirole, Nobel d'économie 2014, Arthur Avila, médaille Fields 2014, Serge Haroche, médaille de physique 2012, Jules Hoffmann, Nobel de médecine 2011, Cédric Villani, médaille Fields 2011...au cours des dix dernières années, les Français ont raflé neuf Nobel et trois médailles Fields (l'équivalent du Nobel pour les mathématiciens).


Presque toutes les disciplines sont représentées : physique, médecine, chimie, littérature, économie et mathématiques.

Et pour cette dernière, la France peut s'enorgueillir du titre de champion du monde : elle totalise douze médaillés Fields depuis la seconde guerre mondiale.


Malgré le classement de Shangai qui met la première université française à une peu reluisante trente-sixième place, l'université de Paris est première ex aequo avec Princeton au palmarès des mathématiques, suivie par l'Institut des hautes études scientifiques (IHES).


De plus, l'école française de mathématiques attire de nombreux cerveaux de l'Etranger, comme Mikhaïl Gromov, qui a été accueilli comme professeur à l'université de New York, en quittant l'Union Soviétique, mais très vite - en 1981 - a rejoint l'université Paris 6, puis l'IHES.

En 2009, il a obtenu le prix Abel (concurrent de la médaille Fields).


Même chose pour le Franco-Brésilien Arthur Avila ou le Franco-Vietnamien Ngo Bao Châu (médaille Fields 2010).

Parmi leurs motivations, la certitude de côtoyer à Paris d'autres chercheurs de très haut niveau.


L'école française ne se borgne pas à une poignée de chercheurs exceptionnels. "La France est très bien représentée dans les congrès internationaux de mathématiques", confirme Emmanuel Ullmo, directeur de l'IHES.


Cette efficacité ne doit rien au hasard. On dit que cela remonte à Descartes!

En réalité, l'école française prend son essor après-guerre.

L'Ecole normale supérieure joue un role central, notamment avec le mouvement Bourbaki qui voulait réécrire toutes les mathématiques de manière cohérente.


A la même époque, en 1958, l'IHES est créé sur le modèle de Princeton aux Etats-Unis. "Nous n'avons pas le même budget", confie Emmanuel Ullmo. "Pour l'IHES, c'est six millions par an, quand Princeton dispose de quinze fois plus."



Les maths, c'est 15% du PIB


Mais à quoi servent donc ces têtes d'oeuf ? Selon le rapport du cabinet de conseil en stratégie CMI de mai 2015, il y a "un impact très fort des mathématiques sur la compétitivité et la croissance de l'économie française."


Au total, les mathématiques représentent 15% du PIB et 9% des emplois, tandis que 44% des technologies-clés sont fortement impactées par les progrès de la discipline.


Les métiers de la finance, de l'assurance, de la banque, du BTP, de l'aéronautique, de la modélisation, de l'informatique, de l'image numérique et du chiffrement, de même que la recherche en économie, bénéficient de l'école française.


Pierre-Louis Lions (médaille Fields 1994), par exemple, enseigne à Paris 9 (Dauphine) dans une formation destinée aux futurs financiers.


L'Ensae, l'Insee et l'Isup forment des spécialistes mondialement reconnus pour la mesure des différents phénomènes économiques.


Là encore, la recherche française est en pointe, notamment la Toulouse School of Economics, dirigée par Jean Tirole.


Même si l'école française d'économie est moins performante que l'école anglo-saxonne, elle est loin d'être négligeable. "Pour faire une bonne théorie économique, il faut articuler des hypothèses avec un outil mathématique et une vérification économétrique", explique Patrick Artus, de Natéxis. "Les anglo-saxons sont meilleurs que nous dans l'élaboration d'hypothèses et la vérification."


En revanche, les français sont meilleurs dans l'utilisation de l'outil mathématique.

Ils sont pour cela très appréciés à l'Etranger, et nombre d'entre eux sont partis faire de la finance à Londres ou des mathématiques appliquées dans la Sillicone Valley.




De la découverte à l'entreprise


Cocorico sur toute la ligne alors?

Pas tout-à-fait.


La recherche hexagonale souffre d'un handicap bien connu : elle a du mal à se transformer en innovation industrielle.


Ainsi, Alfred Kastler (Nobel de physique 1966) est le premier à proposer un procédé de laser. Mais pas un seul industriel du laser n'est français.


Pierre-Gilles de Gennes (Nobel 1991) a fait des découvertes sur les cristaux liquides, cette technologie que l'on retrouve dans tous les écrans LCD, qu'il s'agisse des téléviseurs, des smartphones ou des montres.

La France ne compte aucun champion mondial dans ce domaine.


Albert Fert (Nobel 2007) a permis la création des disques durs qui équipent tous les ordinateurs. Là encore, si l'invention est française, ce sont les Japonais, les Américains, les Coréens ou les chinois qui maîtrisent le processus industriel.


Nous sommes loin derrière Stanford, l'université où le temps entre une découverte et la création d'une entreprise est le plus court du monde.


Le problème est ancien.


Les pouvoirs publics s'y attaquent une nouvelle fois avec le CICE et le financement d'aides aux start-up. Timidement.








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