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Définition

 

"Dépendance à l'égard de l'alcool

et ensemble des manifestations qui en résultent

(syn.: éthylisme).

 

La survenue de l'alcoolisme est liée à des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.

 

La prise en compte de l'ensemble des connaissances

relatives à ces différents facteurs a donné naissance

à une discipline médico-sociale, l'alcoologie,

enseignée au cours des études médicales 

et entrant dans la formation des spécialistes

en santé publique.

 

L'alcoolisme est une maladie complexe,

relevant d'une prévention, d'une thérapie et d'un soutien".

 

 

 

 

 

Les termes alcoolisme et éthylisme ne rendant pas bien compte de la réalité et ayant une connotation péjorative, les alcoologues ont établi un vocabulaire plus adapté :

 

- Alcoolisation : fait de boire une boisson alcoolisée.

  Une alcoolisation peut-être importante ou modérée.

 

- Alcoolodépendance : fait de ne pouvoir se passer d'alcool.

 

- Alcoolopathie : maladie due à l'absorption de fortes doses d'alcool.

 

- Abstinent : qui ne boit jamais. 

 

- Buveur modéré : qui boit moins que les doses préconisées.

 

- Buveur excessif : qui boit plus que les normes préconisées.

  Un buveur excessif est souvent alcoolodépendant.

 

 

Les doses préconiséesl'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixe les doses maximales pour l'homme à 30 g d'alcool pur par jour (3 verres de vin), ou 210 g par semaine.

 

Pour la femme, les doses sont respectivement de 20 g (2 verres de vin) et de 140 g.

L'alcoolisme

De manière approximative, on considère qu'un verre de boisson alcoolisée telle que servie dans les cafés (vin, bière, appéritif, digestif) contient 10 g d'alcool pur.

 

 

 

Le métabolisme de l'alcool : l'alcool est absorbé par le tube disgestif à une vitesse qui dépend du contenu gastrique.

Un estomac plein et contenant des graisses ralentit l'absorption de l'alcool.

 

Deux mécanismes importants (il y en a d'autres) dégradent l'alcool.

 

Le premier repose sur l'enzyme alcool-déshydrogénase qui produit une dégradation peu toxique.

 

Lorsque l'alcool-déshydrogénase est débordée par excès de boisson, une autre enzyme microsomale entre en jeu qui, elle, produit des radicaux libres (substances toxiques).

 

Lors de son absorption, l'alcool se fixe sur le cerveau et procure des sensations plus ou moins agréables.

Les dérivés toxiques (radicaux libres) agissent sur presque tous les tissus de l'organisme.

 

 

 

Les différences hommes/femmes : les femmes sont beaucoup plus sensibles que les hommes aux effets toxiques de l'alcool.  A consommation égale, elles souffrent d'alcoolopathies plus sévères.

 

Plusieurs raisons à cela.

 

Les femmes sont, en général, plus légères que les hommes; pour des doses ingérées analogues, la teneur sanguine en alcool est donc plus élevée.

 

L'alcool se diffuse plus difficilement dans les tissus gras que dans les tissus maigres (coeur, foie, etc).

 

Or le corps féminin est plus riche en tissus gras; l'espace de diffusion de l'alcool est donc plus faible et la concentration en alcool plus forte que dans les tissus maigres.

 

Enfin, la transformation de l'alcool en acétaldéhyde, puis en acétate, produit davantage de substances toxiques chez les femmes.

 

 

 

L'ivresse : C'est l'effet rapide que peut provoquer l'ingestion de boissons alcoolisées.

 

L'ivresse dépend de la concentration d'alcool dans le sang et se déroule en trois phases.

 

- Une phase d'excitation psychomotrice, se traduisant surtout par une désinhibition.

 

- Une phase d'incoordination et d'instabilité (le buveur somnole, est atteint de confusion mentale et de troubles de l'équilibre).

Dans certains cas, apparaît une agressivité dangereuse, des hallucinations, des délires ou une dépression.

 

- La phase ultime est le coma (le sujet est "ivre mort"), pouvant aboutir au décès.

Un sujet ivre mort doit être transporté à l'hôpital avec de grandes précautions (risque d'inhalation des vomissements).

La dépendance physique : Un consommateur d'alcool devient alcoolique, ou alcoolodépendant, lorsqu'il a perdu la liberté de s'abstenir de boire et qu'il ne peut cesser de consommer de l'alcool sans souffrir de symptômes caractéristiques (malaise généralisé accompagné d'irritabilité, de tremblements et de sueurs), appelés syndrome de sevrage.

 

Ce syndrome disparaît dès que le sujet boit de l'alcool ou, à défaut, s'aggrave et s'accompagne d'allucinations pouvant aller jusqu'au délir aigu, associé à une déshydratation : c'est la crise de delirium tremens.

 

Les mécanismes de cette dépendance physique sont liés à des perturbations de la membrane des cellules nerveuses et à des modifications des neurotransmetteurs, substances chargées de la transmission de l'information entre ces cellules.

 

 

 

 

La dépendance psychique : Comme pour toutes les addictions, même en l'absence de dépendance physique, il existe des facteurs psychologiques et sociaux qui attirent les sujets vers les boissons alcoolisées, leur abus, et ce malgré leur cortège de conséquences dramatiques sur les plans social, personnel et professionnel.

 

 

 

 

Les alcoolopathies : Il existe des effets toxiques directs de l'alcool.

 

Une alcoolisation importante et régulière entraîne immanquablement des lésions des différents organes, une augmentation du taux sanguin de graisses, ainsi que des carences nutritionnelles conduisant à des états anémiques graves.

 

En effet, boire réduit l'appétit et si l'alcool apporte des calories au buveur, il ne lui fournit ni protéines, ni vitamines, ni sels minéraux.

 

 

L'atteinte du foie et des organes digestifs : Au premier stade le foie est le siège d'une accumulation de graisses (stéatose).

 

L'alcoolisation massive et prolongée donne lieu à l'hépatite alcoolique subaigüe dont certains cas sont mortels.

 

Enfin, à long terme, l'alcoolisation régulière donne lieu à une cirrhose, qu'il y ait eu ou non des épisodes d'ivresse ou épisodes d'hépatite alcoolique.

 

L'alcool provoque par ailleurs des pancréatites aigües et chroniques, des gastrites ainsi que des ulcères.

 

 

 

Les maladies nerveuses et cérébrales : L'alcool lèse gravement le système nerveux soit directement, soit par une carence en vitamine B1, ce qui peut entraîner une polynévrite des membres inférieurs, une névrite rétrobulbaire avec baisse progressive et bilatérale de l'acuité visuelle, et une encéphalopathie de Gayet-Wernicke qui peut être mortelle.

 

En cas de survie, peut survenir un syndrome de Korsakoff comportant une perte - totale ou partielle - de la mémoire récente.

 

 

 

Le coeur et les vaisseaux : La réputation de l'alcool comme favorable à l'appareil cardiovasculaire est usurpée.

 

L'alcoolisation chronique provoque une hypertension artérielle.

 

Le coeur est directement lésé, avec des troubles du rythme favorisant la survenue d'accidents vasculaires cérébraux.

 

Dans les formes graves survient une cardiomyopathie alcoolique avec insuffisance cardiaque.  La mortalité est élevée.

 

 

 

L'appareil osseux : Les os des grands buveurs sont déminéralisés et fragiles.

 

 

 

Les glandes endocrines : Les hommes se féminisent (hypo-endrogénie), les femmes souffrent d'aménorrhée (arrêt des règles).

Dans les deux sexes, la libido s'émousse et les chances de procréer diminuent.

 

 

 

Le sang : L'alcool entraîne des modifications sanguines : augmentation de la taille des globules rouges (macrocytose) et diminution du nombre de plaquettes (thrombopénie).

 

 

 

Alcool et cancer : L'alcool favorise l'apparition des cancers du pharynx, de l'oesophage, du pancréas, du foie, du sein (etc).

 

 

 

Alcool et grossesse : Lorsqu'une femme enceinte boit de l'alcool, sutrout pendant les premiers mois de sa grossesse, elle compromet gravement la santé de son futur enfant.

 

L'ingestion régulière d'alcool, même en quantité modérée, suffit parfois pour que le bébé souffre d'un symptome dit d'alcoolisme foetal, ou embryofoetopathie alcoolique : trop faible poids à la naissance, malformations, déficience intellectuelle, comportement instable.

 

L'organisation Mondiale de la Santé (O.M.S) déconseille toute consommation d'alcool, même minime, au cours de la grossesse.

Guérir l'alcoolisme : La guérison d'un alcoolique passe nécessairement par une prise de conscience de son état.

 

Or celle-ci est souvent malaisée, d'autant que le malade a tendance à s'illusionner sur cet état ou à le dissimuler.

 

Chez un adolescent coutumier des fêtes "arrosées", les proches peuvent être alertés par une baisse des résultats scolaires, un désintérêt pour les études, un changement de comportement voire de l'agressivité.

 

Mais souvent, les troubles sont peu évidents : certains signes peuvent cependant attirer l'attention - mauvaise mine, disparition de la pureté du blanc de l'oeil - ainsi que la fréquence inhabituelle de petits accidents, un léger tremblement et une irritabilité anormale le matin...ces derniers phénomènes disparaissant après la consommation du premier verre.

 

 

Le rôle de l'entourage et de la société : Sans forcément moraliser, informer un buveur des dangers de l'alcool peut le conduire à consulter un médecin et à diminuer sa consommation alors que, une fois la dépendance installée, le seul remède sera l'abstinence définitive.

 

C'est dire le rôle des pouvoirs publics, tant d'un point de vue législatif (réglementation de la consommation d'alcool sur les lieux de travail, de la publicité, protection des mineurs...) qu'informatif (campagnes de préventions médiatisées par exemple).

 

La désintoxication : Le suivi des alcooliques a considérablement progressé ces dernières années. Notons deux étapes principales :

 

Tout d'abord le sevrage.  

Il peut se faire en ambulatoire ou au sein d'un établissement hospitalier.

L'administration de benzodiazépines, associée à une hydratation abondante, permet d'éviter le syndrome de sevrage, dit "de manque".

En 72 heures la dépendance physique est surmontée.

 

Ensuite vient la prise en charge globale du patient; c'est la phase la plus difficile.

Elle peut se faire dans une maison de post cure ou à domicile et repose sur un suivi médical et psychologique.

Un certain nombre de médicaments réduisent l'appétence pour l'alcool, les médecines naturelles donnent également de très bons résultats; les rechutes étant fréquentes, l'essentiel tenant à un suivi régulier par un ou plusieurs professionnels avertis.

 

 

Les rechutes : La plus grande difficulté que rencontre l'ancien buveur est le risque de "replonger" dans l'alcoolisme.

 

La dépendance à l'alcool marque en effet les individus de façon prolongée.

Ces rechutes ne doivent pas être source de découragement ni de culpabilisation car c'est souvent après de nombreuses rechutes qu'un sevrage définif et salutaire est obtenu.

 

Cependant, même dans les cas les plus favorables, les anciens buveurs peuvent ressentir une envie soudaine et brutale de boire.

C'est pour cette raison que, même longtemps après le sevrage, les anciens alcooliques ne doivent pas s'autoriser à consommer des boissons alcoolisées.

Dans le cas contraire, la consommation est, neuf fois sur dix, suivie d'un retour à la dépendance.

 

Aussi est-il conseillé au patient, après sa désintoxication, de continuer à rechercher un soutien auprès de son médecin, d'une consultation en alcoologie, sophrologie et/ou d'une association d'anciens buveurs.

 

Quelques idées reçues sur l'alcool

 

"L'alcool est source de chaleur" 

En effet, l'alcool produit de la chaleur, mais également une vasodilatation superficielle

qui favorise aussitôt...la perte de cette chaleur.

 

"L'alcool donne des forces" 

C'est faux; même si un travail musculaire intense accroit l'oxydation de l'alcool,

il y a - simultanément - production accrue d'acide lactique,

laquelle limite les possibilités de travail.

 

"L'alcool permet de lutter contre l'anxiété"

L'alcool a en effet des effets anxiolitiques, mais il entraîne une toxicité physique

et psychique ainsi qu'une dépendance telles, qu'il vaut bien mieux in fine soigner son anxiété par des remèdes plus sains, comme les médecines naturelles.

 

"L'alcool favorise la sexualité"

Non. Tout au plus entraîne-t-il une certaine désinhibition, mais (à partir d'une dose d'ailleurs assez peu élevée), la satisfaction féminine et les "performances" masculines

sont réellement diminuées.

" Usez, n'abusez pas : ni l'abstinence ni l'excès ne rendent un homme heureux."

                                                                                          

                                                                                                                                            Voltaire

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