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Les Tiliacées comprennent 35 genres où l'on a déféini 300 espèces.

 

Nos contrées en comptent principalement quatre, qui présentent, au premier coup d'oeil, comme un air de famille.

 

Haute taille, come arrondie, large et rameuse.

 

Peuplement dense de feuilles simples, alternes, cordiformes, au long pétiole.

 

Fleus hermaphrodites blanches, très odorantes et mellifères, groupée sous une bractée membraneuse.

 

L'écorce, d'abord très lisse, se fissure en fentes longitudinales plus ou moins écartées.

 

Ces essences forestières, et disséminées, ornent souvent les parcs, longent promenades et rues.

 

 

Le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) est, à l'état spontané, l'espèce la plus répandue.

 

Il prospère en demi-lumière, sur ds sols frais, humides, de préférence argilo-silicieux.

 

Son endurance au couvert et ses robustes rejets lui permettent de vivre en taillis.

 

De croissance rapide, il devient souvent creux mais vit jusque 500 ans.

 

 

Tilleul

 

(Latin : Tilia)

Le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) est plus imposant, pouvant atteindre 35 mètres de hauteur.

Cette essence montagnarde possède des feuilles plus grandes, des pousses plus vigoureuses, des fleurs plus parfumées et mellifères.

 

Dans leur jeunesse, feuilles et rameaux sont pubescents.

 

Plus que dans le sol, c'est dans l'air que cette espèce recherche l'humidité.  Aussi croît-elle en des lieux rocheux et calcaires.

 

On en trouve d'imposants spécimens dépassant le millénaire.

 

 

Le tilleul commun (Tilia vulgaris), encore nommé tilleul d'Europe, est l'hybride naturel des deux espèces précédentes.

 

Presque toujours stérile, très vigoureux, résistant aux sécheresses, il peut atteindre 45 mètres, battant les records feuillus de hauteur.

 

C'est l'arbre d'avenue par excellence, malgré ses drageons abondants et els boules hérissées de son tronc.

 

 

Le tilleul argenté (Tilia argentea) vient de Hongrie.

 

Il fut introduit en Angleterre en 1767, puis envoyé au Jardin des plantes à la fin de la Révolution.

 

Plus rustique, de croissance plus rapide, d'un port pyramidal, il est d'une grande longévité.

 

Petite histoire :

 

Dans les allées de tilleuls, le bourdonnement des abeilles enchante les petits matins de juin.  Quand les soirs répendent leur parfum suave.  Douceurs que ramènent l'hiver et ses tisanes seucrées au miel.  Et dont se fait l'écho le lied mélancolique de Schubert : "Près du puits, devant le porche, s'élève un tilleul : j'ai fait dans son ombre tant de doux rêves."

 

Du buccin des Romains aux touches de piano, c'est d'ailleurs un bois musicien, que prisaient encore les sulpteurs pour son teint clair, son grain tendre et serré, alors que son charbon excellait dans la poudre à canon.  Nul n'est parfait.

 

Mais son obligeance l'emporte sur ses éclats guerriers.  Ainsi est-il symbole d'amour et d'amitié, voire de fidelité conjuguale.

 

Les Celtes aimaient rendre la justice à son ombre d'où sortait la Vérité, tandis que ses fleurs odorantes incitaient à la clémence.

 

Quant aux peuplades germaniques, elles considéraient le tilleul comme un arbre sacré.

 

La légende rapporte que Siegfried, gagnant l'invulnérabilité dans le sang du dragon, la perdit par une de ses feuilles collée entre ses omoplates.  

Ne figure-t-elle pas un coeur?

On dit encore que Charlemagne fit planter un de ces arbres sur la place des villages.

 

Le grand siècle en borda les allées seigneuriales, et les routes pour fournir les hopitaux.

 

Jusqu'à la Révolution qui en consacra bon nombre "arbres de la liberté"; bien que l'écorce du tilleul ait fourni la matière filasse des entraves, liens, cordes et câbles.

 

Ses fibres, souples, résistantes, servaient aussi pour faire des sacs et des nattes.  La toile de jute vient d'ailleurs d'un cousin de l'Inde et du Pakistan.

 

Mais, dans l'Histoire des hommes, le tilleul reste surtout l'arbre qui soigne.   Dans l'antique mythologie, le centaure Chiron, précepteur d'Achille et de Jason, père de la médecine, était fils d'une nymphe métamorphosée en tilleul.  C'est d'elle qu'il tenait ses talents et sa bienveillance.

 

L'Antiquité puis le reste des âges maîtrisaient ses vertus curatives.  Fleurs, écorce et feuilles entraient en infusions, décoctions, pilages, pommades, lotions; soulageant entre autres yeux et vessies; guérissant clous, furoncles, blessures et autres brûlures.

 

Et pour les gourmands, dont certaines applications calmaient les douleurs de la goutte, on fabriqua du chocolat avec ses fleurs et ses fruits torréfiés.

 

A l'instar de l'érable, on en tira du sucre.

 

Molière, pour calmer ses insomnies, remplaçait la plume de son oreiller par du tilleul.

 

De ces remèdes souverain, aujourd'hui ne garde guère que l'infusion.  Pour bien dormir, dit le populaire.

 

Tous ces arbres, sans doute trop amènes, attirent une espèce de pucerons qui poissent les feuilles de miellat, les noircissent, et font tomber sous l'arbre des gouttes gluantes.  Ce qui leur attire l'hostilité des automobilistes.

 

Ainsi cette noble famille ne sera-t-elle jamais réduite à garder les parkings.

 

D'ailleurs, la confrérie des chevaliers du Tilleul des Baronnies, ses insignes et ses cérémonies ont promu l'arbre thérapeute aux honneurs de la vigne.  Et la production florifère du pays, depuis deux sièces, permet au tilleul de partager les ciel et la prospérité de l'olivier de Nyons.

 

Les pieds au coin du feu, le nez sur la tosane aux fades effluves, on songe au tilleul.  Il semble alors que ses fleurs capiteuses, où bourdonne l'abeille, bruissent à l'oreille comme le vent dans les feuilles.

© 2015 by Amandine DECLAIRCY all rights reserved.

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