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Notre hémisphère compte environ 18 espèces du genre Ulmus.

 

Les plus communes sont l'orme champêtre (Ulmus minor) et l'orme de montagne (Ulmus montana).

 

 

L'orme champêtre, aimant la lumière, la chaleur et les vallées fertiles, étale, un vaste houppier à la cime large sur un fût élancé.

 

L'écorce lisse, gris foncé, se creuse de rides longitudinales profondes et parfois de crêtes subéreuses.

 

Les feuilles, alternes, ovales, doublement dentées, aux nervures marquées et au dessus vert foncé luisant, ont une base dissymétrique.

 

Les fleurs, rose carminé, abondent avant la foliation en petits bouquets.

 

Les fruits, appelés samares, sont pourvus d'une membrane presque transparante qui entoure la graine.

Orme

 

(Latin : Ulmus)

L'orme de montagne se caractérise par un bois plus clair.  Résistant au froid, forestier, il aime les sols profonds et se contente des roches et du calcaire.

 

De belle stature, quoique moins grand que le précédent et moins longévif, il accompagne en montagne le hêtre et le sapin.

 

Ses feuilles ne diffèrent guère de l'orme champêtre mais sont de plus grandes tailles, de même que ses samares.

Petite histoire :

 

L'orme a joué dans notre paysage un rôle qu'on ne lui connait plus.  

 

Arbre puissant, rival débonnaire du chêne, plutôt bourgeois que grand seigneur, il peuplait nos royaumes.  

 

Il fut, dans les villages, l'arbre des sages qui rendaient la justice au nom du seigneur et qu'on nommait alors "juges de dessous l'orme".

 

L'expression ironique fort répandue à l'époque "attendez-moi sous l'orme" se disait à propos d'un rendez-vous auquel on ne se rendait pas.

 

A la Renaissance, de gros besoins en bois d'oeuvre l'alignèrent le long des routes.

 

L'orne fournit ses escortes aux avenues solennelles, aux chemins familiers et, avant le peuplier, aux berges des canaux.

 

Nombreuses furent les places où leur ombre bienveillante couvrit les bancs, abrita les promenades.

 

Les Romains en firent le support de leurs vignes qui, montant après les échalas, paraient sa ramure d'un double feuillage et de fruits plus juteux.

 

 


L'orme est un bois singulier.  Dur, résistant et élastique, il ne se fend pas.

 

Le voiturage en tira ses roues, jantes et moyeux.  En France, Louis XIV interdit d'exploiter les ormes avant qu'ils n'aient été visités par commissaire de l'artillerie.

 


Les batailles du Roi-Soleil réclamaient des affûts de canon.  Une autre de ses qualités est de se conserver dans l'eau.

 

On fabriquait des pilotis, voire des canalisations.  Moins coûteux que le chêne, il servait aux carènes et quilles des bateaux.

 

C'était encore le bois solide des jougs et des poulies, sans écharde, le complice des escaliers et des rampes.  

 

Enfin, son beau veiné allant aux meubles, les ondoiements de sa loupe, produit d'excroissances du tronc, étaient le nec plus ultra de l'ébénisterie.

 

"L'ormeau ne peut donner des poires" disait un vieux proverbe.  L'homme en tira bien d'autres usufruits.

 

Depuis l'Antiquité, il jouit d'une solide réputation thérapeutique.  C'est le bon docteur de l'épiderme.  Il cicatrise les plaies, les abcès, les brûlures et la lèpre.

 

Mais si les vertus notoires de son écorce soulageaient les malades, elles dépiautaient plutôt les troncs; et l'on dut interdire les prélèvements abusifs.

 

Or un certain coléoptère, pondant sous l'écorce, fit bien pire.  Au début du siècle, on parlait déjà de la "maladie hollandaise", colportée par le scolyte.

 

Creusant ses galeries, l'insecte besogneux répand un champignon toxique.  Et l'arbre meurt.  

 

Incurable, la graphiose prit une telle ampleur dans les années 70 qu'elle détruisit pratiquement tous les ormes européens.

 

Le témoin des vieux temps, flétrissant sa ramure séculaire, sécha comme une petite plante en pot.

 

On ne peut hélas réparer une telle catastrophe.

 

Cependant, un orme hybride du Japon résiste à la maladie.  Avec les rescapés des arbres indigènes, peut-être assureront-ils la pérennité de l'espèce.

© 2015 by Amandine DECLAIRCY all rights reserved.

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