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LE CONSCIENT

Capacité de se décrire, de se définir et de choisir

 

La conscience est la capacité de se percevoir, s'identifier, de penser

et de se comporter de manière adaptée.

 

Elle est ce que l'on sent et ce que l’on sait de soi, d’autrui et du monde.

 

En ce sens, elle englobe l’appréhension subjective de nos expériences

et la perception objective de la réalité.

 

Par elle, enfin, nous est donnée

la capacité d’agir sur nous-même pour nous transformer.

La conscience est « l'un des mots les plus difficiles à définir », d’autant qu’il n'est pas certain que ce qui cherche à la comprendre, la conscience elle-même précisément, dont la raison est un outil, soit capable de se saisir elle-même (« le couteau ne peut se couper lui-même » disent les bouddhistes).

 

La conscience est, du point de vue de certaines philosophies et de la psychologie, la faculté mentale qui permet d'appréhender de façon subjective les phénomènes extérieurs (sous la forme de sensations par exemple) ou intérieurs (états émotionnels, pensées) et plus généralement sa propre existence.

 

D'un point de vue moral, elle est également la faculté de discerner bien et mal. 

 

Historiquement le terme fut d'abord employé dans le sens de « conscience morale », aussi bien par les philosophes latins que dans les écritures judéo-chrétiennes.

 

On admet généralement que la conscience est le propre de l'être humain au même titre que la raison.

 

Pourtant, la conscience est une forme de présence au monde qui semble commune à certains animaux et aux êtres humains.

 

On distinguera donc la conscience spontanée, commune aux animaux supérieurs et à l'homme, et la conscience réfléchie, propre aux êtres humains. 


 

LA CONSCIENCE EST LE PROPRE DE L’HOMME

 

L’étymologie du mot, littéralement « savoir (scientia) avec (cum) » suggère l’idée d’un accompagnement.

 

Par la conscience, une représentation du monde m’accompagne. Mais en même temps, la conscience est ce qui me place en position de sujet, seul, parmi tous les êtres vivants, à posséder le sentiment de mon existence.

 

De Socrate (« Connais-toi toi-même ») à Kant, les philosophes classiques accordent donc à la conscience une place centrale : « Qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est ce que cela ? C’est bien une chose qui doute, qui connaît, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent ».

 

Le philosophe Pascal récuse pour sa part l’idée de conscience « substance » (« une chose » pensante) et lui préfère la métaphore du roseau qui évoque non seulement la grandeur de l’homme mais aussi sa fragilité : « La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. Penser fait la grandeur de l’homme […] L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la Nature. Mais c’est un roseau pensant ».

 

 

TOUTE CONSCIENCE EST UNE CONSCIENCE MORALE

 

La conscience serait donc la capacité de se séparer de soi-même pour se « représenter » soi-même.

 

Elle constitue notre dignité mais aussi notre douleur.  Tout d’abord la conscience implique la responsabilité de nos actes.

 

J’ai conscience de mon unité malgré la diversité de mes pensées ou de mes sentiments : le fait de dire « Je » en témoigne, et ceci dans toutes les langues ou cultures, même si ce mot n’existe pas séparément : « Posséder le « Je » dans sa représentation : ce pouvoir, écrit Kant, élève infiniment l’homme au-dessus de tous les êtres vivants sur la terre… » (Anthropologie du point de vue pragmatique).

 

Mais cette aptitude à nous reconnaître dans nos propres actes, qui n’est pas dissociable de la liberté, est aussi source de souffrance.  Puisque je suis conscient de ce que je fais, je dois en répondre devant les tribunaux humains mais aussi devant ma propre conscience, à laquelle je ne peux échapper.

 

Un homme sans conscience ne serait plus un homme, même s'il est avéré que le sens moral est variable et propre à la conscience de chaque individu.

 

 

COMMUNICATION DES CONSCIENCES

 

La philosophie classique a eu tendance à considérer la conscience comme auto-suffisante, à la suite de Descartes : « Or maintenant je sais avec certitude que je suis, et en même temps, qu’il se peut que toutes ces images et généralement que tout ce qui est rapporté à la nature du corps ne soient rien que des rêves ».

 

Aujourd’hui, on ne considère plus la conscience comme une sorte de bulle susceptible d’accueillir le monde entier pour le représenter ou l’exprimer.

 

A la suite notamment de Husserl, la philosophie moderne insiste sur le caractère ouvert de la conscience : « toute conscience est conscience de quelque chose ».

 

Les phénoménologues (Husserl, Merleau-Ponty) nomment « intentionnalité » cette structure d’ouverture de la conscience : nous avons besoin de l’autre pour accéder à nous-mêmes.  « L’autre est le médiateur entre moi et moi-même » (Sartre).

 

La psychanalyse confirme ce point de vue.

 

La conscience n’est pas entièrement transparente à elle-même, ni maîtresse d’elle-même.

 

Pour nous comprendre nous même, pour nous construire, nous avons besoin des autres.

 

La conscience n’est donc pas le miroir de tout l’univers, mais plutôt un miroir de miroirs qui répercute sans fin les images entrelacées de nous-mêmes, de nos proches et de l’univers dans son ensemble.

 

On appelle « intersubjectivité » la communication immédiate et intuitive des consciences entre elles.

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