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Le genre Taxus compte 8 espèces et appartient à la petite famille des Taxacées, que les botanistes rattachent à l'ordre des Taxales pour les distinguer de celui des Coniférales.

 

Ce genre, aux individus possédant des feuilles persistantes assez semblables à celles des conifères, ne produit pas de cônes.

 

L'if (Taxus baccata), est la seule espèce indigène.

 

En latin, Taxus désignait l'if et le pique ou la lance faits de son bois.

 

Bacatus signifiait "orné de perles", ce à quoi ressemble ses fruits.

 

Le houppier est très dense, les branches redressées s'étalent à la cime.

 

Extrêmement lent et longévif - nombre de spécimens dépassent mille ans -, il aime l'humidité, la roche, et craint les grands froids.

 

L'écorce, lisse, d'un brun rougeâtre, s'exfolie.

 

Les aiguilles, souples, toxiques, distribuées tout autour du rameau, sont d'un vert sombre et brillant, avec le dessous plus clair.

 

Dioïque, l'if porte des chatons males, jaunes et globuleux; des fleurs femelles, verdâtres et discrètes.

 

Ses fruits, les arilles, sont rouge vif, ouverts au sommet, et anchâssent une grosse graine, toxique, brune et luisante à maturité.

If

 

(Latin : Taxus baccata)

Petite histoire :

 

L'if dresse sa ramée solitaire.  Qui semble porter, au creux de la lumière, les vieilles ténèbres des forêts, lorsqu'il déployait face aux légions les hordes serrées de ses ombres.

 

Aux porches des églises, comme un mendiant l'if attend.  Aux bords des tombes, il médite tel un moine sous son capuce. Mais cachant dans sa bure une fiole de poison.  L'if, spadassin de la mort violente, veille doucement les morts.

 

L'Antiquité le dédiait à Hécate, la souterraine, celle qui commandait aux fantômes et dont l'emblême était le croissant de lune.

 

Les Romains, sacrifiant à la déesse, enguirlandaient de ses rameaux les taureaux noirs pour que les esprits infernaux pussent mieux boire le sang répandu.

 

Arbre du Tartare, l'if prêtait son bois aux torches des Furies, filles de la Terre coiffées de serpents et armées de poignards, il éclairait leurs supplices.

 

L'if plongeait ses racines au pays des morts.  Et, comme s'il se gavait du suc de leurs crimes, transpirait le poison.  

Ainsi passait-il pour un ingrédient des coupes mortelles et des troubles chaudrons.

 

Au cours de la conquête, les Eburons, ayant défait une légion romaine, furent exterminés par César; qui rapporte que leurs rois s'empoisonnèrent avec l'arbre toxique.

 

Les anciens s'étaient vite apperçus que les alcaloïdes des feuilles et des graines étaient fatals aux animaux, les chevaux en particulier.

 

Au Ier siècle, Dioscoride prétend que l'ombre de l'if de Narbonnaise est si violemment nocive qu'elle peut causer la mort.

 

Et au XVIIème siècle, Culpeper écrit que l'if distillé, agissant sur le système nerveux, détruisant les fonctions vitales, constitue l'un des poisons les plus violents du règne végétal.

 

 

Enfin, comme si ces moeurs ne suffisaient pas à sa funèbre réputation, on tira de son bois vénéneux des lances, des pics, des arcs, leurs flèches, ainsi que des arbalètes.

 

Les pluies assassines de Crécy, Poitiers et Azincourt étaient d'if.

 

Mais la gloire de ces décimations se retourna contre lui.  Les ifs vinrent à manquer.

 

Et les souverains, avides de ce bois souple et résistant, durent inciter des populations rétives à planter l'arbre empoisonné.

 

Ces talents redoutables eurent aussi leurs bontés.

 

On concocta quelques médications, dont une potion abortive rappelant ses méfaits.  C'est la fin du siècle qui racheta l'if de tous ses pêchés : les chercheurs lui découvrirent une molécule anticancéreuse qui leur inspira un produit synthétique des plus performants et prometteurs. 

 

Pourtant, l'if avait déjà trouvé jadis une plus sage destinée.

 

Rome, avant nos prince, s'enticha des topiaires.  Les jardins de la Renaissance, les allées de Le Nôtre, portèrent à son apogée l'if sculptural, que dénigra bientôt le siècle des lumières.

 

Si l'if millénaire, qui nous parle depuis toujours d'éternité, semble être retourné à ses méditations, il n'en figure pas moins d'épatantes promesses, sur lesquelles se penche assidurment la recherche médicale.

 

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