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Houx

 

(Latin : Ilex aquifolium)

Le houx appartient à la famille des Aquifoliacées.  Le genre Ilex regroupe quasiment ses trois cents espèces.  

 

Ilex désignait en latin le "chêne vert", dont les feuilles, coriaces, ressemblent à celles du houx, les aiguilles en moins.

 

Aquifolium signifie "feuille à aiguilles" et désigna même la feuille d'acanthe des chapiteaux corinthiens.

 

Le houx est répandu dans toutes nos régions.  Il présente une cime cônique, aux branches relevées, sur un tronc droit.

 

En sous-bois, on le rencontre surtout buissonnant, ramifié dès la base, l'aspect désordonné.

 

Extrêmement envahissant, rejetant, marcottant, sa croissance est très lente.

 

L'écorce verte reste lisse puis, gris jaunâtre, se crevasse en surface avec l'âge.

 

Les feuilles, coriaces, glabres, vert sombre luisant dessus, plus pâle dessous, découpées en lobes à pointes acérées, persistent trois ans sur leur court pétiole.

 

Dioïque, le houx porte de petites inflorescences blanches et odorantes groupées en menus bousquets.

 

Les fruits, rouge vif, toxiques, sont des drupes à quatre noyaux souvent assemblées en grappes.

Petite histoire :

 

 

Hollywood signifie littéralement "bois de houx".  Sans doute ce petit village en connut-il un...avant qu'une industrie tapageuse ne le rendit célèbre.

 

Le houx s'est longtemps passé de cette publicité.  Depuis le crétacé.  Les dinosaures, s'ils avaient été plus délicats, s'y seraient piqué les pieds.

 

Et, entre nous, l'arbre si vert, aux lèvres aussi rouge que des lèvres de star, sait faire son cinéma à lui seul.

 

Le houx, cependant, connut des temps plus prospères où la tradition ne le réduisait pas aux décorations des papiers cadeau, aux feuilles en plastique des bûches de Noël.

 

Rameau toujours vert, tels ses compères le gui, le laurier et le buis mais s'en distinguant par la roideur de ses épines, il servit de tous temps des rites festifs et religieux.

 

Déjà les Romains, célébrant le solstice d'hiver, le brandissaient aux fêtes de Saturne.  Sept jours où cessaient le travail, régnaient repos, plaisirs et licences, où les gens se faisaient des présents, où les règles sociales étaient inversées, les esclaves commandant aux maîtres.

 

Symbole de persistance et d'immortalité par le lustre de sa verdure, le houx, par ses épines, éloignait sortilèges et mauvais esprits, quand d'autres contrées diabolisaient ses piquants.

 

Et selon, le populaire le pendait aux murs des maisons, aux poutres des étables, ou fuyait ses épines suspectées malignes. 

 

Comme tous les arbres, l'homme lui trouva des vertus curatives.

 

La poudre de ses feuilles et son écorce passaient pour fébrifuges.  Elles soignaient également les oedèmes, les maladies et douleurs articulaires.

 

Ses fruits donnaient un redoutable purgatif.  

 

Mais le talent qu'on lui reconnaissait partout était celui de son liber, d'où l'on tirait la glu.

 

Cette matière visqueuse, dont usait les oiseleurs pour attraper leur gibier, piégeait les chenilles et faisait encore de bons cataplasmes.

 

Le houx, fier et distant, pointe ses épines comme une élégante écarte nonchalamment le bout de ses doigts.  Le vernis de sa parure et ses perles rutilantes prolongent leur superbe par les raffinements de son bois.

 

Dense, dur, au beau grain, d'un blanc nacré, imitant l'ébène lorsqu'on le teignait de noir, il était précieux aux ébénistes, tourneurs, couteliers, tabletiers, fabriquants d'instruments de mathématiques.

 

Les menues pièces de lutherie le menèrent à la musique, tandis que ses moindres aptitudes à la taille le plantèrent dans les jardins à la française, sculpté comme un buis.

 

Ces tâches délicates ne le privèrent pas d'emplois plus rustiques.  Mercenaire des haies vives, tâcheron des manches d'outils, des têtes de maillet.

 

Le paysan et le bourgeois aimaient en faire qui son solide bâton, qui sa canne.  Si bien qu'un houx désignait ces deux objets.

 

Enfin, le houx se fit complice d'un tas de tourments, les manches de fouet prisant ses baguettes flexibles.

 

Ainsi le monde put-il connaître toutes les humeurs du houx.  Sourires de ces ornements, bienveillances de ses médications, traîtrises de ses dents et colères de ses tiges...

 

 

© 2015 by Amandine DECLAIRCY all rights reserved.

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