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La forêt de Tronçais est une forêt domaniale française située dans l'Allier.

Elle est principalement constituée de chênes sessiles « conduits » en futaie.

En 2011, la forêt s'étendait sur près de 10 600 ha, incluant 110 hectares classés en réserves biologiques domaniales (Nantigny et la futaie Colbert) et environ 130 ha d'étangs, elle a la réputation d'être la plus belle futaie de chênes d'Europe, et est gérée par l'Office National des Forêts.

 

 

Géographie :

 

Ce massif est situé dans le département français de l'Allier.

La chênaie s'étend sur les communes de Braize (776 ha), Cérilly (1788 ha), Couleuvre (405 ha), Isle-et-Bardais (2788 ha), Le Brethon (1400 ha), Meaulne (112 ha), Saint-Bonnet-Tronçais (1176 ha), Urçay (343 ha), Valigny (17 ha) et Vitray (1728 ha).

Située dans la sylvoécorégion (au sens de l'IFN) « Boischaut et Champagne berrichonne », la forêt domaniale constitue l'essentiel du massif forestier de Tronçais, qui couvre environ 12 000 ha.

La pluviométrie est comprise entre 800 et 900 mm selon l'endroit.

La température moyenne est d'environ 10 °C.

Le massif a une orientation générale nord-ouest. Il présente généralement des pentes faibles, à l'exception du massif de La Bouteille et des vallons formés par les principaux cours d'eau.

Les altitudes s'étagent entre 205 m (au nord-ouest) et 360 m (au Bois laid).

On distingue dans le massif quatre grandes parties : l'Armenanche à l'est, la Réserve au centre, les Landes blanches au nord-ouest et la Bouteille au sud-ouest.

Plusieurs enclaves y ont créé des « milieux ouverts ». Les contours du massif (écotone/lisières) sont très découpés.

 

La forêt est située en limite sud du bassin parisien, sur des substrats variés (géologiquement daté du primaire au quaternaire); toutefois, la plus grande partie de la forêt est située sur des grès ou argiles du trias.

 

 

Biogéographie :

 

En termes d'écologie du paysage, et dans le cadre du SRCE qui précise régionalement la Trame verte et bleue nationale, ce massif joue un rôle important de réservoir de biodiversité pour de nombreuses espèces.

Ce réservoir est en outre encore relativement bien « connecté » à des structures écopaysagères de type bocage (« bocage bourbonnais » au nord, et paysage bocager agropastoral à prairies temporaires encore relativement arboré (sauf au centre et sur la frange Est de la région naturelle voisine (Limagne-Val d'Allier, ou encore à un réseau de prairies permanentes (à l'Ouest).

Les autres massifs proches, plus ou moins déconnectés de la Forêt de Tronçais (sauf pour les oiseaux et quelques animaux plus mobiles) sont principalement :

 

 

 

Cours d'eau et étangs :

 

Outre de nombreux ruisseaux, deux rivières traversent le massif : la Marmande et la Sologne.

Cinq étangs s'y trouvent :

 

  • L'étang de Saint-Bonnet s'étend sur 44 ha. Cet étang naturel a été agrandi à la fin du XVIIIème siècle de manière à pouvoir soutenir le niveau de l'étang de Morat. Il est inscrit à l'inventaire des sites depuis le 1er février 1934.

  • L'étang de Tronçais s'étend sur 18 ha. Situé sur le cours de la Sologne, il a été créé en 1789 pour fournir de l'énergie aux forges de Tronçais.

  • L'étang de Morat (privé) s'étend sur 13 ha. Il se situe sur le cours de la Sologne, en aval de l'étang de Tronçais.

  • L'étang de Saloup (privé) s'étend sur 12 ha. Il est situé en amont de l'étang de Tronçais.

  • L'étang de Pirot s'étend sur 70 ha. Situé sur le cours de la Marmande, il a été mis en service en 1848 pour alimenter en eau le canal de Berry via l'étang de Goule. Il est profond de 14 mètres au pied du barrage.

 

On trouve dans la forêt de Tronçais près d'une centaine de sources.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Histoire :

 

La première mention connue du nom Tronçais remonte au XIIIème siècle, dans un document relatif au prieuré de la Bouteille. Ce nom dériverait de « tronce », ancien nom du chêne rouvre.

Initialement propriété des quatorze paroisses environnantes, puis cédée en 1327 aux ducs de Bourbon, la forêt de Tronçais appartient au pouvoir central depuis 1527, date à laquelle elle fut confisquée par le pouvoir royal au Connétable de Bourbon, avec l'ensemble de ses terres.

La création de la futaie de chêne de Tronçais remonte à Colbert, qui en organisa la délimitation et le réaménagement en 1670.

Colbert, désireux de doter le royaume de France d'une marine puissante avait décidé de planter plus d'un million d'hectares d'arbres dont les troncs et les branches, spécialement sélectionnés, devaient fournir à l'industrie navale une matière première de grande qualité.

Il avait ainsi fait rédiger un catalogue reproduisant les pièces spéciales "les bois tors", dont le but était de présenter les pièces de bois particulières destinées à la charpenterie de marine.

La forêt fut fortement dégradée par la suite, notamment pendant la Révolution et aussi par la création en 1788 des forges de Tronçais alimentées au charbon de bois. Elle dut donc être régénérée au XIXème siècle.

Ladite forge, créé par Nicolas Rambourg, fut en activité de 1791 à 1932.

 

 

Qualité du bois :

 

Le chêne de Tronçais est particulièrement réputé pour la qualité de ses chênes, notamment pour faire des tonneaux destinés à « élever les vins ». Cela est lié à plusieurs éléments, qu'on retrouve dans d'autres forêts domaniales du bassin ligérien :

 

  • On y trouve relativement peu de nœuds : l'ancienneté de la gestion en futaie régulière permet d'avoir des arbres élancés et élagués naturellement.

  • Ses accroissements sont fins et réguliers : le déficit hydrique estival et, dans une moindre mesure, la densité des peuplements le font pousser lentement. Ce « grain fin » est recherché par les tonneliers.

  • La qualité du cru : le bois a une couleur rosée et une composition chimique appréciées.

 

 

Gestion sylvicole et aménagement :

 

La forêt domaniale est divisée en 442 parcelles. Elle est gérée avec le chêne sessile comme essence principale sur 95 % de la surface, et le pin (sylvestre ou laricio) sur 5 %, là où les sols sont plus pauvres. Le hêtre et le charme sont présents en accompagnement du chêne. On trouve également de l'alisier torminal et du merisier.

En 2001, les classes d'âge des parcelles de chêne étaient globalement équilibrées, avec toutefois un léger « défaut » (de classes d'âge) entre 50 et 100 ans (dû à des régénérations insuffisantes dans la première moitié du xxe siècle), compensé par un excès de parcelles de 125 à 200 ans (régénérations entre 1800 et 1875 des parcelles mises en réserve par la réformation de 1670).

L’aménagement forestier en cours est validé pour la période 2001-2025, comprenant en particulier une liste des parcelles à couper et régénérer et des « coupes d'améliorations ».

Les objectifs sylvicoles sont :

 

  • 7 330 ha de futaie régulière de chênes à 250 et 300 ans

  • 2 300 ha de futaie régulière de chênes à 200 ans

  • 570 ha de futaie régulière de pins à 100 ans

  • 50 ha (secs ou humides) en gestion extensive.

 

Au début du xxie siècle, en France métropolitaine, c'est la seule forêt et chênaie publique où la surface à régénérer est calculée sur un cycle dépassant 200 ans.

 

 

La futaie Colbert :

 

Les peuplements les plus vieux de la forêt se situent dans la « futaie Colbert ». Il s'agit d'une parcelle de 13 ha, en deux morceaux, dont le peuplement principal est issu d'une régénération datant de la fin du xviie siècle (plus de 300 ans en 2000). Ces peuplements sont classés en réserve biologique dirigée, c'est-à-dire qu'il n'y est plus pratiqué de sylviculture, dans le but de favoriser la biodiversité liée au bois mort et aux arbres sénescents présents dans ce vieux peuplement.

La futaie Colbert couvrait 73 ha en 1976, dont 60 ont été régénérés dans la période 1976-2001.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Faune et flore :

 

La forêt de Tronçais abrite une faune et une flore diversifiées, grâce à la taille et l'ancienneté du massif. On trouve notamment des rapaces (buse variable, aigle botté, autour des palombes, busard Saint-Martin, etc.) et de nombreuses espèces de chauve-souris.

La diversité des insectes est également très importante, notamment dans les parcelles de vieux bois (en particulier en futaie Colbert).

L'ensemble du massif est classé en ZNIEFF de type 1, et plus de 1 100 ha sont en zone Natura 2000.

Par ailleurs, il existe depuis 1996, une réserve biologique intégrale d'une surface de 98 ha.

Les importantes populations de cerf, chevreuil et sanglier sont régulées par la chasse, à tir et à courre, très présente sur le massif.

 

 

 

Patrimoine 

 

Arbres remarquables :

 

De nombreux arbres remarquables ont été conservés; parmi eux, certains sont classés (données 2001) :

 

  • Chêne carré (circonférence : 6,44 m, âge > 300 ans, parcelle 215)

  • Chêne Émile Guillaumin (circ. : 3,90 m, âge > 300 ans, parcelle 176)

  • Chêne Jacques Chevalier (circ. : 4,70 m, âge > 300 ans, parcelle 134) ; mort, il n'en reste en 2011 qu'une partie du tronc

  • Chênes jumeaux (circ. : 4,45 et 5,10 m, âge > 400 ans, parcelle 137)

  • Chêne Charles-Louis Philippe (circ. : 4,70 m, âge > 300 ans, parcelle 177)

  • Chêne de Montaloyer (circ. 5,45 m, âge > 400 ans, parcelle 279)

  • Chêne de la Résistance (circ. : 3,70 m, âge > 300 ans, parcelle 235)

  • Chêne Saint-Louis (circ. : 6 m, âge > 400 ans, parcelle 232)

  • Chêne Sentinelle (circ. 6,50 m, âge > 400 ans, parcelle 136)

  • Chêne Stebbing II (circ. 4,60 m, âge > 300 ans, parcelle 227)

 

D'autres chênes remarquables ont été abattus :

  • Chêne Apollon, abattu en 1954

  • Chêne Stebbing

  • Chêne de Morat, abattu en 2006

Chêne du Vieux Morat, abattu en 2011

 

 

Fonts :

 

On trouve dans la forêt environ 40 sources aménagées appelées fonts.

Leur présence est liée à l'occupation de la forêt au cours de l'histoire et la nature de leur aménagement est très hétérogène.

Les plus réputées sont :

 

  • la font de Viljot, sur la parcelle 175

  • la font du grand gué (site gallo-romain à proximité)

  • la font Jarsaud

  • la font de Tronçais

  • la font des Porchers

  • la font Bégault, sur la parcelle 361

  • la font St Mayeul

  • la font Sablière, sur la parcelle 324

  • la font du Meslier, sur la parcelle 155.

 

 

 

Références :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Forêt de Tronçais

Auvergne

 

Voir aussi 

 

 

Bibliographie :

 

F.-X. Roy, « La Forêt domaniale de Tronçais », Revue forestière française, vol. XIX, n° spécial, 1977.

 

Jacques Chevalier, La Forêt, sous-titré Tronçais en Bourbonnais.

 

 

 

Liens externes :

 

La forêt de Tronçais sur le site de l'ONF​.

 

Site de la Société des amis de la forêt de Tronçais.

 

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