Tant dans la mentalité alsacienne que dans les paysages, la forêt est omniprésente en Alsace, que cela soit dans les zones de piémont, de montagne, ou encore en plaine où elle jouxte les abords des grandes villes, couvrant au total 38% du territoire alsacien.

 

Entre Rhin et Vosges, l'Alsace des forêts présente de multiples facettes parmi lesquelles l'étonnante variété climatique, géologique et topographique, la grande richesse biologique et faunistique, l'importante production de bois ou encore le traditionnel attachement des Alsaciens à la Nature.

 

Dimension environnementale, fonction économique, rôle social...l'Alsace illustre on ne peut mieux la multifonctionnalité des forêts et des enjeux y étant associés.

 

La forêt de Haguenau, plus vaste forêt d'Alsace, est inhérente à la commune du même nom.

 

 

Caractéristiques :

 

La forêt, avec une largeur approximative de trente kilomètres, marque une réelle césure au sein de la plaine d'Alsace.

 

De ce fait, la partie alsacienne située au Nord de cette forêt est nommée par les Alsaciens " l'Outre-forêt".

 

Elle représente aujourd'hui 21 000 ha, ce qui contribue à en faire la sixième forêt de France.

 

Au Moyen-âge, la forêt de Haguenau était encore plus étendue et couvrait 60 000 ha.

 

L'unité la plus importante de ce massif est constituée par la forêt de Haguenau (13 742 ha), pour moitié domaniale et communale; elle est à ce titre gérée par l'ONF, en coopération avec la ville de Haguenau.

 

La forêt, très peu accidentée, est installée sur des alluvions sableuses et argileuses déposées par trois rivières (dont la Sauer et l'Eberbach).

 

C'est une forêt protégée et classée en zone de protection spéciale (ZPS), dans le cadre du Réseau Natura 2000.

 

Elle accueille de nombreuses espèces forèstières, en majorité des pins sylvestres présentant une forme très élancée (pins de Haguenau) et couvrant 48% de la surface, ainsi que des chênes pédonculées et sessiles (38% de la surface).

 

Ces derniers peuvent atteindre des proportions respectables : l'ONF a ainsi dénombré dans la forêt de Haguenau 800 chênes ayant des diamètres de tronc égaux ou supérieurs à un mètre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les sous-bois, les clairières :

 

 

Anémone sylvie (Anemone nemorosa); partout dans les sous-bois au printemps avant l'apparition des feuilles.

 

Campanule gantelée (Campanula trachelium); grande campanule à la tige robuste.

 

Colchique (Colchicum autumnale); à la fin de l'été, surtout au bord des routes et des chemins.

 

Corydale creuse (Corydalis cava); sous-bois, par endroit, au début du printemps avant l'apparition des feuilles. Existe en mauve et blanc.

 

Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum); clairières, bords des chemins.

 

Muguet (Convallaria majalis); bois clairs, clairières...

 

Pervenche (Vinca major); ici ou là. C'est une fleur qui trahirait l'emplacement d'anciennes zones cultivées.

 

Raiponce en épi, variété bleu foncé (phyteuma spicatum subsp. nigrum); fossés, bords des chemins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La forêt sainte : 

 

Au Moyen-âge, la forêt attitait énormément d'hermites et de nombreux couvents et églises s'édifièrent autour, notamment entre les VIIème et XIIIème siècles, ce qui donna à la forêt son appellation de "Forêt sainte".

 

De ces temps ne subsistent que quelques témoins, tel le Gros Chêne ou l'aire des charbonniers.

 

 

Les ermites et le Gros Chêne :

 

Une tradition évoquée par un monument érigé en 1862 à proximité d'un gros chêne indique le fait suivant : ​" Arbogast vécut ici en ermite au VIIème siècle."  La renommée de sa vertu exemplaire lui valut d'être nommé évêque de Strasbourg en 673.  

En fait, Arbogast fut chargé par le roi des Francs d'aller christianiser les Alamans vers 550.  C'est ainsi qu'il fonda à Surbourg le premier couvent alsacien.

Bien qu'il traversa la forêt à de nombreuses reprises, il n'y séjourna jamais.  En revanche, à la fin du Moyen-âge, des ermites vivaient dans la forêt, près du Gros Chêne en particulier.

 

En 1913, le chêne tomba à terre et son tronc relate avec précision son existence plusieurs fois séculaire.

Cet arbre est désormais est désormais rempli de béton et coiffé d'un chapeau en tôle.

En 1955 le curé de Saint-Nicolas, F.L Hauss (1884-1956) fit construire près du tronc une petite chapelle, devenue depuis le centre d'un pélérinage annuel célébré chaque dernier dimanche de juillet.

 

 

Les couvents :

 

Du VIème au XIIIème siècle, huit couvents furent fondés dans la forêt ou sur sa lisière : Amulfsau, Biblisheim, Koenigsbruck, Marienthal, Neubourg, Seltz, Surbourg et Walbourg.

 

Amulfsau, construit en bois en 725, fut détruit par un incendie peu après sa fondation.  Il fut reconstruit de l'autre côté du Rhin et prit le nom de Schwartzach.

 

Au XIVème siècle, une inondation due au Rhin détruisit le couvent de Seltz.

 

La révolution française fit ensuite fermer nombres de couvent et leurs biens furent vendus.

 

Des paroisses aux alentours, comme celle de Saint-Nicolas à Haguenau, en rachetèrent les statues, stalles et autres meubles liturgiques.

 

Les sanctuaires furent ensuite détruits ou transformés en églises paroissiales comme à Surbourg et Walbourg.

 

La vitalité de la dévotion à la Vierge fit que l'église de Marienthal fut totalement transformée en 1866.