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SANTÉ RÉUNION
DORSALGIE
Le terme de dorsalgie est souvent utilisé à tort pour décrire toute douleur au niveau du dos.
La dorsalgie correspond par définition à une douleur bien précise de la partie haute du dos,
douleur ressentie entre la base du cou jusqu'à la taille
(entre la première et la douzième vertèbre dorsale).
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Il faut opposer les dorsalgies dites lésionnelles, ayant une cause anatomique simple mais une gravité réelle (tumeur, fracture), aux dorsalgies régionales, très communes, dont l’origine est souvent complexe et qui sont en général bénignes.
L'entretien médical fera préciser la douleur :
- le mode d’installation : il peut être brutal ou progressif, survenir après un faux mouvement ou un geste forcé, être une conséquence d’un traumatisme, d’un accident de la route ou d'une pratique sportive. Une simple chute peut également provoquer une dorsalgie.
- La topographie de la douleur : localisée au rachis dorsal, prédominante d’un coté ou de l’autre, voire diffuse.
- Les irradiations : vers le rachis cervical ou lombaire.
- le caractère et les horaires : mécanique diurne lors de la mobilisation, et plus ou moins calmée par le repos; ou au contraire inflammatoire, plutôt nocturne et provoquant souvent le réveil.
- L’intensité de la douleur et sa sensibilité aux traitements.
- Le retentissement fonctionnel avec une limitation plus ou moins importante de l’activité, voire une incapacité à gérer seul les gestes de la vie quotidienne.
Le retentissement sur la respiration est également important à connaître.
- Les signes d’accompagnement : avec une altération de l’état général témoignant d’un problème plus large
- Les traitements suivis et leur efficacité.
Comment cela fonctionne-t-il?
Le rachis dorsal est composé de 12 vertèbres.
Il a la spécificité d’être plus rigide que le rachis cervical ou le rachis lombaire.
Les disques intervertébraux et le fait que le rachis dorsal soir totalement solidaire de la cage thoracique expliquent cette rigidité. Seule la rotation du rachis dorsal est libre.
Cette rigidité pose des problèmes aux zones charnières en relation directe avec le rachis cervical ou lombaire.
La colonne dorsale est impliquée dans la respiration : elle joue un rôle mécanique de soufflet en modifiant le diamètre et le volume de la cage thoracique.
Les muscles du dos et du thorax participent à l’inspiration. Elle participe aussi au maintien de la station debout (érecteurs du rachis).
Ce double rôle - dans la respiration et le maintien de la posture -, une sollicitation permanente dans les actes de vie quotidienne ainsi qu'une faiblesse musculaire croissante (souvent inhérente à la sédentarité), expliquent la fréquence des dorsalgies dites fonctionnelles.
Quels signes accompagnateurs?
Pour toute dorsalgie il est important de vérifier la statique globale du rachis.
Pour le rachis dorsal, quatre points clefs seront systématiquement recherchés pour tenter de préciser la cause et le retentissement de cette douleur :
- une diminution la courbure naturelle (cyphose) du rachis avec présence d’une raideur
- une contracture des muscles para vertébraux, se trouvant le long des vertèbres
- l’existence de points douloureux très localisés, spécifiques, et leur localisation antérieure (postérieur ou latérale)
- des possibilités de rotation restreintes.
Quels examens?
Les examens dépendent du contexte et dans un premier temps seront simples :
- une radiographie du rachis dorsal de face et de profil
- Un bilan inflammatoire ne sera réalisé que s’il existe des signes pouvant évoquer une pathologie infectieuse : vitesse de sédimentation et dosage de la protéine C réactive.
D’autres examens comme en particulier l’IRM ou le scanner ne seront indiqués qu’en fonction des résultats des précédents examens à la recherche d’une étiologie spécifique mais très rarement en première intention.
Causes ?
Sur les caractéristiques de la douleur et son environnement il est possible de se faire une première idée de l’origine de la dorsalgie.
Une origine mécanique peut se voir aux symptômes suivants
- Une douleur liée à l’action et donc la journée quand vous bougez
- Un événement déclenchant mécanique et donc un début plus souvent brutal
- Une tendance à l’amélioration sous traitement de type antalgique et myo relaxant
- Une absence de contexte infectieux : pas de fièvre, état général conservé et bilan biologique inflammatoire normal.
On distingue plusieurs catégories de dorsalgies d'origine mécanique :
- Les dorsalgies ayant pour une cause dégénérative liée au vieillissement comme l'arthrose : la douleur est plus souvent le fait d’une arthrose des vertèbres cervicales associée
- les dorsalgies statiques, avec une douleur liée à une augmentation de la cyphose dorsale
- les dorsalgies de la dystrophie rachidienne de croissance (maladie de Scheuermann) : à l'âge adulte, ces dystrophies de l'adolescence deviennent moins douloureuses
- fibromyalgie, apophysite par frottement répété et micro-traumatismes locaux, dérangement intervertébral mineur peuvent donner quelques douleurs
- les dorsalgies de posture.
Causes inflammatoires?
L'origine inflammatoire peut se voir aux éléments suivants :
- Une douleur liée aux positions dites " de repos", provoquant souvent des réveils nocturnes
- Une survenue progressive de la douleur
- L’absence d’amélioration sous traitement de type antalgique et myo relaxant
- Un contexte infectieux : fièvre, état général conservé et
- Un bilan biologique inflammatoire perturbé
Des cancers, des infections, des rhumatismes chroniques ou des lésions de la moelle peuvent aussi être à l’origine de douleurs dorsales.
Ces douleurs ont comme spécificité d’être rapidement aigues compte tenu de l’étroitesse du canal rachidien à ce niveau, et sont plus graves en raison des possibles atteintes sous-jacentes.
Autres causes probables
Peu de causes identifiées une fois que l’on a éliminé l’irradiation d’une douleur en particulier d’origine cardiaque, pulmonaire ou pleurale.
Un tassement vertébral à la suite d’une ostéoporose reste la principale cause de ce type de douleur.
On peut aussi retrouver les douleurs d'origine cervicale et en particulier un point douloureux entre l'omoplate et les 5ème et 6ème vertèbres, avec un point douloureux cervical très précis (point sonnette).
Un geste répété avec les mains à la hauteur de la poitrine, coudes non appuyés pourrait en être responsable.
Quel traitement?
Le traitement d'une dorsalgie dépend de sa cause, après évaluation et coordination des différentes mesures thérapeutiques mises en œuvre.
Au-delà de la simple prise d'antalgiques ou d'anti-inflammatoires, la rééducation et la reprise d'une activité physique adaptée, l'éducation gestuelle sont fondamentales.
Les médecines complémentaires (ostéopathie, acupuncture...) peuvent donner de bons résultats à court et moyen terme après la réalisation d’un bilan par un médecin.
Comment vivre avec?
Le mal de dos est source d’altération de la qualité de vie et d'invalidité.
La Prévention permet de le combattre efficacement.
- Assouplir, étirer, renforcer sa musculature par des exercices physiques adaptés avec un renforcement des muscles thoraciques antérieurs et postérieurs, des muscles des membres inférieurs qui aident à limiter les mouvements de la colonne vertébrale
- Une activité physique régulière pratiquée de façon douce est un excellent facteur de prévention des dorsalgies
- Faire de la gestion du stress une priorité car c’est un facteur d'entretien de la contracture, de même que la prise en charge l'anxiété
- Au quotidien, l’objectif est de se protéger à la fois des gestes douloureux et des récidives. Il est ainsi conseillé :
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De répartir les charges à porter de façon symétrique entre les deux bras, en évitant les charges trop lourdes. Eviter le port d'objets lourds d'un seul côté, à bout de bras ou sur l'épaule
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D'être prudent en voiture, ne pas faire de trajets trop longs. Apporter un soin particulier au réglage de son siège : éviter les sièges bas et reculés, les bras devant être souples sans être collés au volant
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D’avoir la meilleure position possible au travail au travail, éviter le maintien prolongé d'une attitude cervicale inconfortable ou forcée (tête penchée en avant). En cas de travail sur un ordinateur, l'écran doit être à hauteur du regard
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De dormir sur un lit haut, avec sommier à lattes et matelas ferme (mais non dur) en latex (inutile de mettre une planche sous le matelas), éviter de dormir sur le ventre. Préférez les sièges et canapés hauts, la télévision placée à hauteur du regard
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De garder le dos le plus droit possible dans la réalisation des gestes de la vie quotidienne, en particulier de la vie domestique en veillant à adopter les flexions sur les jambes et les positions dites en fente ou en chevalier servant (jambe avant fléchie). Les manches de balai et d'aspirateur doivent être longs, les plans de travail à la bonne hauteur.