Petite histoire :

 

Le cyprès est une sorte de dinosaure réchappé des ères chaotiques.  Il dresse, au milieu des arbres, un port sévère et archaïque.  Ne portant même ni feuille ni aiguille, comme un reptile, il est couvert d'écailles...derrière lesquelles ce grand timide cache des fleurs minuscules. 

Il y a quelques millénaires, la légende l'a rattrapé, lui dont la mémoire empile des millions d'années.

Et les petites histoires des hommes, qui se croient là depuis longtemps et pour toujours, ont fait du cyprès un gardien de cimetière, alors que ses forêts avaient conquis la terre.  

Mais dans ces clos funèbres, qui pourrait mieux parler d'éternité?

 

Pline dit que, planté à Tarente, il serait venu d'Asie.  Cet exil où les glaciations contraignirent les peuplades arborescentes.

Pour les Grecs, il était l'arbre de Cyparissos.  Cet éphèbe tua un cerf domestiqué qu'il aimait comme un frère. Apollon, n'en trouvant consolation, le transforma en cyprès.

Sort que connurent encore les filles de d'Etéocle, fils maudit d'Oedipe.  Son frère et lui s'entretuèrent pour le trône de Thèbes.  Les jeunes femmes, ivres de douleur, tombées dans un étang, en furent tirées par la Déesse mère puis changées en cyprès.  

Et l'arbre devint symbole de chagrin.

 

On consacra l'arbre à Hadès, seigneur des enfers; et ses rameaux particulièrement aux rites funéraires; la persistance de leur couleur sombre et leur bois incorruptible évoquaient l'immortel.  

Les chinois, plus pargamatiques, croquaient leurs graines sensées procurer la longévité.

 

On dit également qu'Eros taillait ses flèches dans les branches de cyprès; et que Zeus avait porté son choix sur cet arbre pour la fabrication de son sceptre.

 

Le Livre des rois en parle aussi : " ainsi, Hiram fournit à Salomon du bois de cèdre et du bois de cyprès, autant qu'il en voulut. "

 

Le bois imputrescible devait servir les morts glorieux, souverains ou héros.  On en habille encore les papes dans un premier cercueil.  Il ne manquât plus qu'Origène, apologiste et théologien, fasse de son parfum un symbole des vertus chrétiennes, l'odeur de sainteté.

 

Faute de feuilles, l'arbre odoriférant ne chut jamais dans les tisanes.  Mais sa réputation curative ne manque cependant pas de fondements.  Depuis les Mésopotamiens, on sait le cyprès soigner efficacement les troubles circulatoires, et veineux en particulier.