SANTÉ RÉUNION
Les châtaigniers, parents du hêtre et du chêne, appartiennent à la famille des fagacées.
Le genre Castanea regroupe une douzaine d'espèces de l'hémisphère Nord.
Le châtaignier commun (Castanea sativa) peuple nos contrées. L'adjectif sativus signifie "culltivé".
Solitaire, le châtaignier développe une vaste ramure sur un tronc trapu.
Sa silhouette devient plus élancée en massif.
Essence de demi-lumière, il pousse en sols profonds, drainés, voire pauvres mais non calcaires.
Rejetant de souche, on le trouve en taillis ou en futaie, en châtaigneraie, et parfois associé au chêne.
L'écorce, lisse et grise, se fonce et se crevasse longitudinalement.
Les feuilles, à court pétiole, très grandes, oblongues, pointues, aux dents de scie, ont le dessus vert luisant.
Les fleurs mâles se dressent en longs chatons odorants.
A leur base, les femelles vont par 3 dans une cupule épineuse.
Les châtaignes logent en trio dans une bogue aux fines aiguilles, qui s'ouvre
en 4 valves à mâturité.
Petite histoire :
Entre les hommes et les châtaignes, nous pourrions dire que l'histoire ne date
pas d'hier...et parmi nous nombreux sont ceux ayant un ancêtre à qui le fruit
farineux remplit le ventre creux.
Ordinaire de tous les automnes, aubaine des gueux, manne des disettes; dans
la cendre, dans la soupe, en ragoût, en bouillis, en croquettes, en gâteaux, on en
fit même du pain. D'où le nom d'arbre à pain donné au châtaignier.
Dioscoride appelait la châtaigne "gland de Sardes", car l'arbre était abondant
dans la capitale de la Lydie.
Le latin Castanea, issu du grec, viendrait de Castanis, ville du royaume du Pont,
aujourd'hui en Turquie.
Quant à "marron", appellation légale de la châtaigne améliorée, il est emprunté à
l'italien marrone, "grosse châtaigne".
Et lorqu'au XVIIème siècle le marronnier quitta Constantinople pour l'Europe occidentale, on appela son fruit "châtaigne de cheval", que conserve toujours son nom scientifique (Aesculus hippocastanacée).
Galien, médecin grec, qui n'aimait pas beaucoup les fruits, excepte la châtaigne dont le suc épais n'a rien de nocif.
La pharmacopée, comme toutes les écorces et feuilles tanniques, les recommandait contre fièvres, bronchites et rhumatismes.
La décoction de coques et de fruits combattait quant à elle les désordres gastriques (indigestions, coliques etc).
Châtaignier
(latin : castanea)
La tradition, qui a fait de l'arbre un symbole de prévoyance, pourvoyeur des longs hivers, associe les châtaignes aux trépassés. On en mangeait à la Toussaint et les pauvres en mendiaient aux portes.
La pâtisserie quant à elle, a porté le marron glacé au pinacle des sucrerie.
Le châtaignier, peut-être présent avant les glaciations comme nombres d'espèces exotiques, revint chez nous dans les chariots romains. Puis les moines du haut Moyen-Âge perpétuèrent les plantations.
Son bois, peu apprécié en flambées parce qu'il lance des escarbilles, ressemble à celui du chêne.
Pesant, dur, résistant, il se fend bien. On l'emploie donc en piquets, lames et merrains.
Il est peu d'arbres qui, vieillissant, deviennent aussi imposant, prennent une telle allure, empreinte de noblesse et d'humilité.
Certains connaissent une longévité peu commune; ainsi celui qui périt au siècle dernier sur les pentes de l'Etna.
Il vécut presque 3000 ans, et on le surnommait "l'arbre aux cent chevaux"; depuis que Jeanne d'Aragon, surprise par un orage, y avait abrité son escorte de cent cavaliers.
Or, deux maladies cryptogamiques, le chancre et l'encre, qui affectent respectivement l'écorce et les racines, entraînent aujourd'hui une forte diminution de sa culture.
...Une moindre consommation n'arrangeant pas ses affaires.
Gastronomes, achetez des châtaignes!