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Les aubépines appartiennent à l'immense famille des Rosacées, dont elles constituent un genre particulier.

 

 

L'aubépine monogyne (Crotaegus monogyna) montre un branchage dense abondamment pourvu d'épines.

 

L'arbre, s'il n'est pas taillé, peut dépasser 10 mètres.  Croissant lentement, on lui prête une espérance de vie d'un demi-millénaire.

 

Les feuilles, alternes, sont profondément divisées, pointues et brillantes, agrémentées sur le dessous de touffes de poils.

 

Blanches ou rosées, les fleurs possèdent un seul style.  Les cenelles, à mâturité d'un beau rouge vif, contiennent un unique noyau.

 

 

L'aubépine épineuse (Crotaegus laevigata) a plus de piquants dans son nom que sur ses rameaux.

 

Moins exigeante en lumière, elle peut pousser dans les bois.

 

Souvent divisée près du sol, elle reste plus petite que l'autre aubépine mais vieillit tout autant.

 

Ovales, inégalement dentées, aux lobes arrondis, les feuilles poussent plus tôt.

 

Deux ou trois styles aux fleurs blanches, deux noyaux aux cenelles rouge écarlate finiront de décrire la belle aubépine.

 

 

Aubépine

 

(Latin : Alba spina)

Petite histoire :

 

Le petit Marcel aimait Gilberte et les aubépines.

 

Comment mieux résumer l'amour et ses tourments?  Beautés écloses, parfums capiteux et roides épines.

 

Mais l'épine blanche n'attendit pas Proust pour avoir ses premiers compliments.

 

Déjà, l'Antiquité la regardait comme un arbre aux vertus singulières.  Les Grecs la nommaient Krataigos, mot signifiant "qui donne de la force aux chèvres".

 

Et il parait qu'Héra, première femme de Zeus, concçt ses enfants rien qu'en touchant ses fleurs.

 

Symbole de fertilité, elle fut l'arbre de mai, mois des purifications religieuses, pendait lequel Rome défendait les mariages.

 

Comme les bergers, ravisseurs des Sabines, portaient des torches d'épines, on faisait de même le jour des hymnées.

 

Janus, ayant abusé de la nymphe Carna, la dédommagea fort civilement.  Le dieu gardien des portes, lui offrant un rameau d'aubépine, concéda d'autres faveurs, celles d'écarter les esprits malins des seuils, de protéger les nourrissons des striges.

 

L'église, reprenant à son compte la tradition antique, fit du joli mois de mai, qu'embaument les fleurs et qu'énerve la sève, celui de la très chaste Marie.

 

La légende raconte que, Joseph d'Arimathie, qui avait enseveli le Christ, débarqua outre-Manche en l'an 63.

 

Il planta à Glastonbury son bâton de pèlerin, qui prit racine et fleurit dans la nuit.  Aussi les indigènes n'eurent-ils plus de doute sur l'édification d'une chapelle.  La religion chrétienne prospèrerait chez les Bretons.

 

Cette célèbre aubépine fut détruite par les partisans de Cromwell.  Ce qui lui fait une mort accidentelle à 1600 ans, plus que digne d'un patriarche...pour comparaison, l'Ancien Testament rapporte que leur doyen, Metoushèlah, grand-père de Noé, ne vécut que 969 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les âges léguèrent à la fraîche aubépine son lot de rites et de superstitions.

 

A la porte des étables, plantée sur le fumier, elle éloignait les crapauds et les serpents.  Dans le grenier, les fantômes et les orages.  Et l'on allait sous ses branchages pour se garder de foudre.

 

Saint Marc, l'évangéliste, rapporte que les soldats tressèrent au Christ une couronne d'épines.  On ne douta pas qu'elle fut d'aubépine.  Ayant touché ce front, elle ne pouvait dès lors que bouter le démon.

 

La pharmacopée considère d'autres vertus.  Sédative, antispasmodique, tonique, diurétique, fébrifuge, elle va jusqu'à braver les flux d'entrailles.  

 

Fleurs, feuilles, cenelles, écorce plongent en bains thérapeutiques, flottent en tisanes et décoctions.  Ne dirait-on pas une blanche infirmière?  Qui sait faire les piqûres; c'est d'ailleurs là qu'elle excelle.  Jules César rapporte que certaines tribus Celtes, pour faire obstacle à la cavalerie, plantaient des haies infranchissables d'épineux.

 

Aujourd'hui encore, le Printemps râvit le bocage des blanches floraisons d'aubépines et de prunelliers.  Où le rossignol fait son nid, quand la pie-grièche empale ses victimes.  Et l'Automne accroche leurs fruits minuscules dont se gavent le merle et la grive, facteurs ingénus de leurs graines.

 

© 2015 by Amandine DECLAIRCY all rights reserved.

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